Des choix personnels qui ont une incidence sur la carrière des femmes
Pendant la période où je travaillais en agence de publicité, j'ai eu mes deux premiers enfants, je me suis mariée, c'était super, mais en conséquence, le travail n'était pas une priorité et ça, l'entreprise le fait payer…cher. Même si on est impliquée dans son travail et qu'il est bien fait on a des contraintes personnelles qui arrivent.
J'ai pris au 4/5ème. Comme chaque personne qui fait du 4/5ème, on sait comment ça se passe. On travaille quatre jours, on fait le boulot de cinq et on est payé le boulot quatre. Cerise sur le gâteau, on nous reproche de ne pas assez travailler. On nous le fait payer le jeudi quand on revient après un mercredi épuisant. L'entreprise a l'impression que le mercredi, on ne fait rien… sauf que si, en réalité, on a une journée bien intense. On ne se repose pas devant la télé toute la journée. Pas facile à comprendre surtout pour les personnes qui n'ont pas d'enfant. Il faut donc rattraper la journée " perdue" en allant à la pêche aux infos au risque de rater quelque chose qui nous sera reproché.
Quand j'ai eu mon deuxième enfant, en 2010, j'ai eu envie de changer. Il était temps, parce que vraiment, je ne m'y retrouvais plus. Le 4/5ème n'était pas bien accepté et quoi que je donne ça n'était jamais assez. Et puis j'avais toujours rêvé de travailler chez l'annonceur (pour une marque). J'avais envie d'avoir une vision plus globale des projets et surtout de faire partie d'une grande entreprise. Ça m'a pris 2 ans !
La recherche d'emploi, un job à temps plein !
J'ai donc commencé à chercher du travail. Le problème, c'est que la communication est un métier saturé. Beaucoup de personnes qui travaillent en agence de pub veulent travailler chez l'annonceur. Quasiment tout est concentré en région parisienne. Il y a très peu de postes, beaucoup de candidats et très peu d'élus. Moralité, je suis devenue une experte en recherche d'emploi. Au début, je ne recevais quasiment pas de réponse, puis j'ai optimisé mon CV et encore… Jusqu'à avoir des réponses. J'ai déposé mon CV sur tous les sites d'emploi, sur tous les sites de recrutements des entreprises qui m'intéressaient, sur les sites des cabinets de recrutement, j'ai envoyé des candidatures spontanées (à l'époque, LinkedIn n'existait pas, ni tous les sites d'infos sur la politique RH des entreprises), j'étais abonnée aux alertes d'emploi de tous ces sites. J'ai appris à cibler les offres auxquelles je répondais, à lire entre les lignes des annonces pour comprendre "l'état d'esprit" et à optimiser mes candidatures avec des mots-clés dans le titre de mon CV. Comme toujours, je me suis organisée pour être le plus efficace possible. Ne pas perdre de temps et mettre le maximum de chances de mon côté. J'ai passé des tonnes d'entretien avec des opérationnels, des RH, des cabinets de recrutement… On m'a posé des questions hors de propos du type "c'est vous qui allez chercher vos enfants le soir ? À quelle heure ?" Évidemment, j'avais une organisation extrêmement solide à la maison. J'avais la chance d'avoir une baby-sitter qui m'aidait avec les deux enfants en bas âge, car mon mari travaillait beaucoup. J'ai appris à préparer mes entretiens, j'ai été plusieurs fois "en finale" et puis non. Il faut apprendre à gérer la déception, parfois le découragement. On se dit qu'on ne va jamais y arriver. Qu'on devrait peut-être faire autre chose finalement. Je m'étais fixé une limite après laquelle j'envisageais de passer du côté de la PAO (mise en page des documents sur logiciels de création).
Je me suis accrochée jusqu'au bout. Après 2 ans de recherches intenses, j'étais hyper compétente dans la recherche d'emploi. Et j'ai fini par trouver la perle... En-tout-cas le job qui me correspondait à ce moment-là, nous étions en 2012.
On idéalise toujours un projet professionnel.
C'était une entreprise humaine, familiale où on m'avait dit en entretien "tu vas voir ici il n'y pas de turnover, ça n'existe pas. Les gens sont tellement bien, ils restent pendant 25 ans". Lors de cet entretien, le recruteur m'a également dit "tu dois être sacrément motivée dans ta recherche d'emploi car ton CV est arrivé en 2ème alors que nous avons reçu 1000 candidatures." Incroyable, et j'ai été choisi sur 1000 candidatures !!! Et bien ça, ça fait du bien. J'étais hyper fière de moi et hyper contente de quitter mon agence, où finalement je n'étais pas valorisée, pour entrer chez l'annonceur. À ce stade, on ne peut évidemment pas parler de reconversion professionnelle, mais c'est quand même déjà un virage important. On ne travaille pas du tout de la même manière dans une agence de communication et dans une grande entreprise. En effet, pour faire de la publicité au nom d'une marque, il faut souvent travailler au sein d'entreprise d'une certaine taille. Je suis donc rentrée chez l'annonceur ce qui me faisait rêver depuis toujours. Mon objectif initial, était de travailler dans la communication et surtout d'être dans une grande entreprise. Bien au chaud avec des budgets pour communiquer sur des sujets intéressants, plein d'avantages, un bon salaire et des horaires corrects. Et j'ai trouvé un job avec tout ce qu'il me fallait : pas mal de congés pour pouvoir m'occuper des enfants et en même temps m'éclater tout au long de la journée sur les projets sur lesquels je travaillais avec des personnes sympas. En plus, dès le premier jour, on m'a dit "surtout, tu n'as pas droit de faire des heures supplémentaires, parce qu'à l'époque, je n'avais pas réussi à négocier le statut cadre (Ce qui m'a d'ailleurs fait perdre beaucoup de temps par la suite…Mais on ne peut pas tout avoir) j'étais donc obligée, oui oui obligée, de partir vers 17h / 17h30 pour aller m'occuper de mes enfants, c'était vraiment top. Le boulot me plaisait, l'entreprise était cool, je commençais à me faire des copines, j'étais très contente. Malgré tout, je n'ai jamais arrêté d'être en veille professionnelle. C'était devenu une habitude. C'est bien de savoir ce qu'il se passe sur le marché même si on ne cherche pas. Comme ça, on ne perd pas son expertise, on découvre de nouveaux outils et on est déjà prêt s'il faut agir (un peu comme en immobilier). Au final, j'ai développé ma propre technique de recherche d'emploi. Efficace et optimale : - pour trouver les jobs, - pour répondre aux annonces - pour savoir où j'en étais de chaque envoi - pour savoir quasi instantanément, quand un recruteur m'appelait, de quelle offre, il s'agissait. J'ai ensuite développé ma méthode pour me préparer aux entretiens.
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